Il est plus qu’urgent pour le ministre de l’Éducation, et au-delà de lui, pour l’ensemble de la société sénégalaise, de faire de l’éducation une priorité nationale, non pas en discours, mais en actes concrets. L’éducation, ce n’est pas seulement l’apprentissage des lettres et des chiffres.
C’est d’abord et avant tout la formation de l’être, la transmission de valeurs, la construction du citoyen.
Du temps où nous étions sur les bancs de l’école élémentaire, l’école était bien plus qu’un lieu d’apprentissage : elle était le prolongement naturel de la famille. On nous y enseignait la morale.
On nous parlait d’honnêteté, de respect, de solidarité, d’humilité. L’éducation civique nous apprenait l’amour de la patrie, le respect des lois, le sens du bien commun. La levée des couleurs chaque lundi matin nous rappelait que nous étions les fils et filles d’une Nation qui attendait beaucoup de ses enfants.
Ce rituel simple, mais chargé de symboles, suffisait à nous remplir de fierté.
On n’osait pas mentir, tricher ou manquer de respect à un aîné. Pas parce qu’on craignait une sanction, mais parce que nos valeurs intérieures nous en empêchaient.
Nos maîtres étaient des figures d’autorité et de sagesse nos seconds parents. Le regard d’un enseignant suffisait à nous remettre en question. Il y avait de la retenue dans nos paroles, de la pudeur dans nos comportements, de la discipline dans nos actes.
Aujourd’hui, nous assistons, impuissants ou résignés, à une dégringolade alarmante. L’école n’éduque plus. La famille, débordée ou démissionnaire, n’assure plus la transmission.
Et la société, au lieu d’offrir des repères, cultive le bruit, la violence et la vulgarité. Les jeunes peuvent tout se permettre : l’insolence, la brutalité, l’exhibitionnisme, la transgression des normes, sans que cela ne choque plus personne.
Le respect a cédé la place à la provocation. La pudeur a été balayée par la recherche effrénée de buzz. L’élève, jadis porteur d’espoir, devient parfois un danger pour lui-même et pour les autres.
Comment avons-nous pu en arriver là ? Que sommes-nous devenus ? Et surtout, que laisserons-nous à ceux qui viennent après nous ?
Il ne s’agit pas de pleurer un passé idéalisé, mais de sonner l’alerte : notre école se vide de son âme, et avec elle, c’est toute une société qui s’effondre. L’éducation n’a point de coût mais le manque d’éducation peut coûter aux enfants leurs avenirs.
Il faut réintroduire la morale et le civisme à l’école. Il faut que l’éducation civique redevienne une matière centrale. Il faut aider et revoir le statut des enseignants qui sont eux-mêmes porteurs de valeurs. Il faut aussi que l’école cesse d’être un îlot abandonné et que les enseignants soient soutenus, protégés, revalorisés.
La société doit reprendre conscience qu’un pays ne se construit pas avec des slogans, mais avec des hommes et des femmes bien formés, bien éduqués, solidement ancrés dans leurs valeurs.
Si l’éducation est la clé de demain, alors il est temps de redonner à cette clé la noblesse qu’elle mérite.
Et à ceux qui ont aujourd’hui la responsabilité de diriger ce pays, nous disons : ne laissez pas l’école mourir. Car avec elle, c’est la Nation tout entière qui s’éteindra à petit feu.
El Bachir NDIAYE Journaliste/Chroniqueur Membre Fondateur du Parti AGIR Les-Leaders
