Plan de redressement : le malaise institutionnel révélé par le dernier Conseil des ministres ( Par Thierno Bocoum )

Le communiqué du Conseil des ministres du 3 septembre 2025 a mis en lumière un malaise institutionnel profond.

Alors que les Sénégalais attendent des actes concrets pour sortir du gouffre économique, le décalage entre les annonces présidentielles et la réponse du Premier ministre alimente la confusion.

Le Président de la République a demandé au chef du gouvernement, « maître d’œuvre », de veiller à l’exécution de toutes les composantes du Plan de redressement économique et social (PRES) et de finaliser, avec chaque ministère, les projets et réformes phares, en engageant les textes législatifs et réglementaires nécessaires.

En retour, le Premier ministre s’est limité à annoncer la mise en place, au sein de la Primature, de quatre groupes de travail spécialisés.

Autrement dit, le Président oriente vers les ministres mais le Premier ministre se replie sur son cabinet. Cette confusion de rôles, attestée par le communiqué officiel, explique en partie le retard incompréhensible dans la mise en œuvre.

Depuis l’adoption du PRES le 31 juillet 2025 suivie de sa présentation le 1er Août 2025, aucune loi n’a été votée et aucun réajustement institutionnel majeur n’a été constaté. Le plan reste sans traduction concrète.

Pire, le Premier ministre transforme le plan en tournée publicitaire. Après le grand théâtre puis la Turquie, il annonce un déplacement en Italie, les 13 et 14 septembre, pour expliquer à la diaspora un document déjà diffusé à la télévision et sur les réseaux.

Pendant ce temps, les charges sur les Sénégalais restent inchangées.

Le prix du carburant demeure, malgré une baisse internationale du baril d’environ 30 % par rapport à Avril 2024.
Les dernières données de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) montrent que le Sénégal détient le record du prix le plus élevé.

L’électricité, quant à elle, n’a connu aucune révision tarifaire au Sénégal, alors même que la baisse significative du prix du baril de pétrole aurait pu, en principe, se traduire par une diminution des coûts de production et par conséquent par un allègement des factures pour les ménages et les entreprises.

Dans leur logique de gouvernance quand les prix montent, c’est toujours pour le peuple. Quand ils baissent, c’est toujours pour l’État.

Dans le même temps, les privilèges liés aux fonctions étatiques demeurent intouchables, protégés contre vents et marées. Fonds politiques et budgets de prestige sont maintenus, même lorsque le pays est évalué comme étant « au quatrième sous-sol ».

Quant au financement endogène promis, il cède la place à des sollicitations extérieures.

Ironie du sort, on en appelle désormais à une France dont la dette publique s’établit à la fin du premier trimestre 2025 à 3 345,8 milliards d’euros, soit 114 % du PIB, loin des critères de Maastricht.

Ainsi, le seul volet appliqué avec constance et rigueur est celui du contrôle politique, avec pour objectif clair de neutraliser les voix discordantes et d’étouffer toute contestation.

Le maintien en détention de Badara Gadiaga et d’Abdou Nguer tout comme la politisation des conventions visant la presse, s’inscrivent pleinement dans cette logique de répression.

Cependant, l’histoire a révélé qu’aucun pouvoir ne s’est consolidé durablement en ignorant la souffrance populaire.

Le peuple parlera et agira.

Et si ce pouvoir persiste dans le sabotage, il découvrira tôt ou tard que l’on ne sort jamais grandi d’une sortie par la petite porte.

Thierno Bocoum
Président AGIR-LES LEADERS

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