Lors du Conseil des ministres de ce 10 septembre, le Chef de l’État a encore dû répéter ses injonctions : « intensifier la mise en œuvre optimale du PRES » et rappeler « l’urgence, pour chaque ministre, de mettre en œuvre, sous la supervision du Premier ministre, les programmes, projets et réformes requis ».
Ces rappels incessants révèlent l’évidence troublante que plus de quarante jours après l’adoption du plan, aucune dynamique concrète n’est véritablement enclenchée.
Quand un Président en est réduit à réitérer, semaine après semaine, les mêmes exhortations, c’est que la machine est grippée et que le temps se perd.
L’homme que le Président a désigné comme « maître d’œuvre » du PRES continue de privilégier les tournées internationales et la communication extérieure, laissant l’essentiel du travail institutionnel en suspens.
Pendant que le pays traverse une crise économique et sociale sans précédent, la Primature donne l’image d’un centre d’animation médiatique plutôt que d’un moteur d’action gouvernementale.
Ce n’est que maintenant que le Projet de loi modifiant le Code général des impôts est adopté, quarante jours après un PRES pourtant censé miser sur des ressources endogènes. Ce délai illustre sans ambiguïté le retard accumulé dans la traduction législative et institutionnelle d’un plan présenté comme urgent et prioritaire.
D’autant que le texte doit encore passer l’épreuve du vote dans une Assemblée nationale en vacances, puis celle de la promulgation, avant de produire le moindre effet.
Ces lenteurs sapent la crédibilité du discours présidentiel et vident de toute consistance l’idée d’un redressement économique rapide.
Le Président continue de s’adresser aux ministres mais son Premier ministre avait déjà choisi de répondre en se réfugiant dans son cabinet lors du précédent conseil des ministres. Le décalage est patent et il en résulte un double malaise.
Un malaise institutionnel car la Primature peine à jouer son rôle de pilote et un malaise politique puisque les Sénégalais ne voient rien changer dans leur quotidien.
Le PRES, dans ces conditions, n’apparaît plus comme un outil de redressement mais comme un slogan répété à l’envi. Tant qu’il restera à l’étape des intentions et des rappels protocolaires, il ne servira qu’à masquer l’inertie.
Le retard accumulé dans l’exécution du PRES est un signal d’alarme. Il traduit moins un problème de moyens qu’une incapacité à transformer les discours en actes.
Thierno Bocoum
Président AGIR- LES LEADERS

