Au‐delà des procédures de passation, les auditeurs, mandatés par l’Arcop, ont procédé à un audit physique des marchés passés durant la gestion 2023.
Les auditeurs de l’Arcop, qui ont passé au crible les marchés de la ville de Dakar pour la gestion 2023, ont procédé à une inspection phy‐ sique des travaux d’entretien et d’extension de la voirie non
classée de la ville de Dakar. Le lot 1 avait été attribué à Kébimo pour 1 163 895 773 Fcfa et le lot 2 à Kounta Fall entreprise pour un montant de 3 831 818 956 Fcfa.
Selon les auditeurs, «l’inspection physique des deux mar‐ chés en question a mis en lumière des manquements ma‐ jeurs dans la gestion de leur
exécution technique, avec des conséquences importantes en termes de coûts et de qualité ».
Pour eux, «ces lacunes révèlent une mauvaise gestion des res‐ sources et un non‐respect des
spécifications techniques, ce qui affecte directement la durabilité et la performance des infrastructures réalisées ». En effet, indiquent les auditeurs, «l’inspection physique a révélé
qu’au cours de l’exécution du marché, la ville de Dakar a pro‐ cédé à une modification de la
consistance initiale des travaux.
Le contrat stipulait que les routes construites seraient en enrobé de goudron, mais l’entrepreneur titulaire du marché a finalement posé des pavés à
la place ».
Les auditeurs d’asséner : «Ce changement constitue un dé‐ tournement de l’objet initial du
marché et une violation des dis‐ positions réglementaires applicables ». Ils expliquent que «les services de la ville ont tenté de justifier cette modification en affirmant qu’un avenant aurait
été conclu, sans toutefois four‐ nir la preuve de son existence ». Or, disent‐ils, «conformément à
l’article 23 du Code des mar‐ chés publics (Cmp), un avenant ne peut ni bouleverser l’économie du marché ni changer fondamentalement son objet en substituant un autre marché au marché initial ».
Les auditeurs de marteler : «Il est évident que le passage de.l’enrobé de goudron à l’utilisa‐ tion de pavés a engendré une variation importante des coûts de construction. Cette situation soulève des questions impor‐ tantes sur la régularité de la
gestion du marché et la confor‐ mité aux dispositions réglementaires en vigueur ». Par
ailleurs, écrivent les auditeurs, «il est évident que les routes en enrobé de goudron n’ont pas le
même coût que des pavés, ce qui soulève des interrogations sur l’équité financière de cette
modification ».
Les auditeurs ont aussi effectué une inspection physique du marché portant sur des travaux
d’aménagement pour la remontée des eaux de la nappe phréatique au niveau de Bopp. Il a été confié au Gie Vision Futur pour la somme de 39 127 620 Fcfa. «Malgré le budget alloué et les travaux prétendument réalisés par la ville de
Dakar, il a été constaté que les eaux continuent de remonter à.la surface dans la zone concernée. Cette situation témoigne d’un problème persistant et soulève des doutes sur la qua‐ lité et l’efficacité des travaux ef‐ fectués. Lors de nos investigations, les services techniques de la ville ont tenté de
justifier cette situation en invo‐ quant une intervention de l’Office national de
l’assainissement du Sénégal (Onas), qui aurait détruit une partie des travaux réalisés. Ce‐ pendant, aucune preuve documentaire ou technique n’a été fournie pour corroborer cette
explication. Ce manque de coordination entre les différents acteurs publics, ajouté à l’absence de suivi rigoureux des travaux, reflète une gestion défaillante et un gaspillage poten‐ tiel », lancent les auditeurs.
Enfin, les auditeurs ont effectué une inspection physique des travaux de construction d’un
terrain en gazon synthétique à Cambéréne. Le marché avait été attribué à Income Group
pour la somme de 250 273 044 Fcfa. «La mission a constaté que les travaux ont débuté avec l’émission d’un ordre de service de démarrage en date du 29 novembre 2023. Cepen‐ dant, ces travaux ont été suspendus peu de temps après,
suite à un ordre de suspension émis le 06 décembre 2023. La ville de Dakar n’a pas fourni
d’explications sur les raisons ayant conduit à cette suspension prolongée. Par ordre de re‐ prise établi le 21 mai 2024, l’entrepreneur a repris les tra‐ vaux. Malgré cette reprise des travaux, au moment de l’inspection physique, nous avons relevé que seul un tas de sable était présent sur le site, suggérant que les travaux n’étaient pas effectivement en cours ou étaient restés au stade préliminaire. Suite à l’émission de notre rapport provisoire, la Ville
nous a informé que les travaux continuent et présenteraient un niveau d’avancement satisfaisant », informent les auditeurs.
CMG, Libération

