Ce n’est pas une rumeur qu’il faut corriger mais une trajectoire ( Par Thierno Bocoum )

Le communiqué publié par le ministère des Finances ce 18 juin annonce que contrairement aux fausses informations qui circulent, la Côte d’Ivoire n’a pas accordé un prêt bilatéral de 77 milliards FCFA au Sénégal. Il s’agissait, nous dit-on, d’une simple opération sur le Marché des Titres Publics (MTP) de l’UEMOA, un espace régional d’émission de dette souveraine.

Cependant, ce que ce communiqué omet de mentionner et qui demeure central, c’est que peu importe l’identité du souscripteur, ivoirien, burkinabé ou martien, c’est l’État du Sénégal qui s’endette à des taux de plus en plus élevés, dans un contexte de plus en plus contraint.

Le cœur du problème est le coût croissant de notre vulnérabilité

Quand un État emprunte à plus de 7 %, ce n’est plus la nationalité du prêteur qui importe mais la traduction du prix de sa fragilité.

Depuis plusieurs mois, le gouvernement multiplie les levées de fonds sur le marché régional, dans un silence préoccupant. En l’absence d’un nouvel accord avec le FMI, et sans accès aux lignes de financement concessionnelles (à 0,75–2 % sur 30 à 40 ans), le Sénégal se tourne vers des emprunts à court terme, plus chers, plus volatils.

Cela ne transparaît pas dans les communiqués mais cela pèsera lourdement sur nos budgets.

Emprunter à 6,5 % ou 7 % sur quelques années, ce n’est pas seulement payer plus cher. C’est aussi réduire nos marges de manœuvre budgétaires futures, augmenter la part du budget consacrée au service de la dette, limiter drastiquement les investissements sociaux et productifs et nous exposer à une dépendance chronique au refinancement, sous la pression des marchés.

Ce n’est pas une stratégie. C’est une fuite en avant, une absence de cap, un vide de stratégie

Corriger les rumeurs est légitime mais corriger les trajectoires est impératif. Le véritable sujet n’est pas l’origine du prêteur. C’est le coût de l’endettement, la fréquence des émissions Et surtout, l’absence d’une boussole budgétaire depuis la suspension des concours multilatéraux.

Tant que l’État n’aura pas remis à plat sa stratégie de financement, en rétablissant la confiance des bailleurs, en revenant à une dette concessionnelle, en arrêtant les émissions désordonnées à haut rendement, nous marcherons résolument et malheureusement vers une impasse.

Il ne suffit pas de redresser une phrase pour redresser une politique économique. La dette est mathématique. Les échéances sont fixes et le désengagement des partenaires concessionnels, si mal géré, nous expose à une spirale dangereuse d’endettement cher, instable et sans vision.

Thierno Bocoum
Président AGIR-LES LEADERS

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