Felwine, Boris et le « modèle rwandais »

Ah, le Rwanda, ce joyau de la démocratie africaine, où la participation électorale atteint des sommets vertigineux, flirtant avec des scores que seuls les régimes les plus éclairés osent afficher: 99%! Non, vous ne rêvez pas ! Paul Kagamé, ce « Grand timonier des collines de Kigali », a réussi l’exploit que même les plus zélés des dictateurs auraient du mal à égaler. Mais ne soyons pas mesquins, car dans un pays où tout le monde semble s’accorder sur une chose-l’infaillibilité de Kagamé-comment pourrait-il en être autrement ?

Et que dire de nos chers intellectuels sénégalais, Boubacar Boris Diop et Felwine Sarr ? Ces esprits brillants, toujours prompts à dénoncer les dérives autoritaires en Afrique, n’ont pourtant pas manqué de trouver une place de choix à la table rwandaise. Eux, qui à Dakar, Paris, ou sur les pages de plus grands quotidiens , s’indignent à longueur de tribunes des reculs démocratiques et des atteintes aux libertés, semblent pourtant curieusement muets lorsqu’il s’agit du “modèle rwandais”. Après tout, quand on est bien installé avec une serviette brodée à son nom à la table de Kagame, on peut bien fermer les yeux, non ?

Le plus ironique, c’est cette propension qu’ils ont à jouer les intellectuels engagés lorsqu’ils sont au Sénégal, où ils enchaînent les déclarations indignées, les appels à la mobilisation, les entretiens où ils fustigent les dérives des régimes africains. Mais à Kigali, c’est une toute autre musique. Là-bas, le silence est d’or, et la critique est soigneusement rangée dans un tiroir. La duplicité ? Que nenni ! Il ne s’agit que de pragmatisme, vous diront-ils. Après tout, un rond de serviette en soie ne se refuse pas, surtout lorsqu’il est offert par un leader aussi visionnaire que Kagame. Toute honte bue, nos deux phares de la pensée ne manqueront sûrement pas de se réjouir de voir Ousmane Sonko, dont ils ont fait partie des plus zélés sectateurs, venir participer, à bord de l’avion présidentiel, au couronnement de ce grand champion de la démocratie à Kigali.

Ainsi, tandis que les Sénégalais se battent pour un bout de démocratie, nos intellectuels stars continuent de jouer sur les deux tableaux, louant d’une main les vertus de la liberté et de l’autre, applaudissant les victoires électorales soviétiques d’un régime qui n’a que faire des scrutins libres et où les opposants sont implacablement pourchassés et exécutés dans des chambres d’hôtel . Mais qui pourrait les blâmer ? Dans un monde où l’indignation est à géométrie variable, pourquoi ne pas profiter des avantages que cela offre ? Les contradictions, après tout, sont le privilège des grands esprits.


Khoudia Madjiguène Fall

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