Kenya: le bilan des inondations s’alourdit à 188 morts depuis mars

D’après le ministère de l’Intérieur, 90 personnes sont toujours portées disparues. Plus de la moitié d’entre elles sont des victimes de l’effondrement d’une retenue d’eau à Mai Mahiu, à une centaine de kilomètres au nord de Nairobi, dans la nuit de dimanche à lundi.

Aujourd’hui, c’est le Masaï Mara, le grand parc national du sud-ouest du pays, qui a mobilisé les secouristes. Depuis mercredi, une centaine de touristes sont prisonniers des eaux. La crue d’un affluent de la rivière Mara a emporté plusieurs campements et lodges. Les tentes et les bungalows ont été littéralement engloutis par l’eau et la boue. La Croix-Rouge kényane a annoncé avoir déjà exfiltré plus de 90 voyageurs.

Les conséquences seront évidemment lourdes pour cette réserve, préviennent les professionnels du secteur. Le Masaï Mara est le sanctuaire emblématique de la faune kényane.

Dans le reste du pays, le ministère de l’Intérieur estime désormais que 165 000 personnes ont été déplacées. Mardi, les autorités ont demandé aux populations vivant en zone à risque d’évacuer les lieux, sans quoi elles se réservent le droit de recourir à la force.

La gestion du désastre critiquée
« Les autorités kényanes n’ont pas réagi de manière adéquate aux inondations », écrit Human Rights Watch, dans un communiqué publié jeudi. L’ONG dénonce une réponse tardive des autorités et bien en dessous des besoins, notamment dans les quartiers pauvres de Nairobi.

Le centre pour la justice sociale de Mathare, un bidonville de la capitale, dénombre par exemple près de 200 familles victimes des inondations qui n’ont reçu aucune aide des autorités.

Human Rights Watch s’étonne aussi de l’impréparation des pouvoirs publics. « Dans son plan national de réponse au changement climatique 2023-2027, le Kenya identifie pourtant bien les inondations comme menace », précise l’ONG.

Dès mai 2023, le gouvernement kényan annonce d’ailleurs provisionner 10 milliards de shillings (environ 80 millions de dollars) pour la réponse aux intempéries prévues l’année suivante. « Pour autant, (il) n’a pas réussi à mettre en place un plan national dans les temps », s’étonne Human Rights Watch.

Et l’ONG n’est pas la seule. L’institution des géomètres du Kenya ou encore le leader de l’opposition, Raila Odinga, eux, ne comprennent pas pourquoi le statut de « désastre naturel » n’a toujours pas été prononcé.

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