Le Sénégal traverse une période de grands changements, où les attentes de la population, et notamment de la jeunesse, sont énormes. Depuis des décennies, cette génération rêve d’un avenir meilleur, d’un pays qui répond enfin aux aspirations profondes de ses citoyens. Mais le chemin vers ce changement n’est ni simple, ni rapide. Aujourd’hui, il est crucial de comprendre que tout ne peut pas se réaliser en un instant.
Les sénégalais, et particulièrement les jeunes, semblent impatients face à la lenteur du processus de transformation du pays. Il est vrai que le besoin de progrès est urgent, mais il est également important de se rappeler que chaque révolution ou changement profond dans une société prend du temps. Chaque avancée exige des sacrifices, parfois de longues années d’efforts, d’échecs, de frustrations et de renoncements. Cette réalité, bien que dure, est le prix de la véritable transformation.
Les jeunes sont souvent au cœur de l’action, de la contestation, des manifestations, de l’espoir d’un changement immédiat. Mais si ce changement était aussi facile qu’on le souhaiterait, il aurait déjà eu lieu. Une révolution ne se fait pas du jour au lendemain, et pour qu’elle soit durable, elle doit être fondée sur des bases solides. Or, ces bases, telles que des institutions renforcées, une éducation solide, et une gestion rigoureuse des ressources, prennent du temps à construire. Ce n’est pas une mince affaire, et il y a une génération entière qui devra porter ce fardeau.
Il est donc primordial que la jeunesse sénégalaise comprenne que la patience est une vertu indispensable dans cette quête de progrès. L’impatience peut être une force motrice, mais elle peut aussi mener à des frustrations inutiles et à des actions impulsives qui risquent de freiner le véritable changement. Au lieu de se laisser emporter par l’agitation, les jeunes devraient se concentrer sur des actions positives, qu’elles soient personnelles ou collectives, pour renforcer les fondements de ce changement tant espéré.
Un autre point crucial est la tendance à vouloir donner son avis sur tout, à tout moment. Aujourd’hui, tout le monde semble être devenu un expert en politique, en gestion des affaires publiques, en stratégie de développement. Si le débat est essentiel pour l’enrichissement des idées et des actions, il est aussi nécessaire de laisser une place à ceux qui ont la charge de gouverner et de prendre des décisions, parfois difficiles. Le silence, l’écoute et la réflexion doivent occuper une place aussi importante que l’action.
L’égo, l’impatience et l’irréalisme ne doivent pas guider nos comportements. Au contraire, le Sénégal a besoin d’une jeunesse consciente de l’importance de la patience, de la persévérance et du travail collectif. Chaque génération joue un rôle dans l’histoire de son pays. À nous de comprendre que la voie vers le progrès est semée d’embûches, mais que ces obstacles sont des étapes essentielles pour que le pays devienne celui que nous désirons tous.
La révolution commence par l’éducation, par la responsabilité individuelle, par la sagesse et par le respect des processus démocratiques. À nous de faire preuve de maturité et d’engagement pour accompagner ce changement avec discernement et sagesse. Le Sénégal a besoin de cette jeunesse courageuse, mais aussi patiente, prête à construire son avenir de manière réfléchie et solidaire. C’est dans ce travail collectif que résidera le véritable changement.
SALL MAMADOU OUMAR
