La reddition des comptes : Quand la malhonnêteté intellectuelle s’invite au débat,

Lors de l’arrestation du tristement célèbre caïd Ino, parvenu à hauteur du marché Sandaga, la foule scandait son nom : “Ino ! Ino ! Ino !”. Un gendarme présent dans le cortège versa des larmes chaudes. Interrogé sur la raison de son émoi, il déclara : « Comment un caïd ayant semé tant de terreur parmi les populations puisse être acclamé comme si c’était un héros ? »
Cette situation illustre simplement le degré d’insouciance ou à la limite d’ignorance qui avait prévalu et qui semble se répéter à travers la glorification et la défense des héros négatifs et de contre modèles dont l’itinéraire tortueux est connu de notoriété publique.
Hier comme aujourd’hui, il y a toujours cette espèce rare en voie d’extinction qui entretienne le flou et qui s’agite avec une ardeur de néophyte pour défendre l’impossible alors que d’autres sous le couvert d’organisation de défense des causes perdues d’avance se prennent pour des donneurs de leçons.
La reddition des comptes est un gage de bonne gouvernance des affaires publiques, une manière de statuer et de situer les responsabilités de sorte que, celui qui est investi d’une mission de service public ait la certitude que la droiture doit primer sur la posture. Que la charge publique soit perçue comme un sacerdoce qui implique des servitudes pour le bien de la communauté et non comme une position de rente personnelle.
Il est très tôt d’être amnésique par rapport aux agissements du pouvoir précèdent dont le mépris affiché à l’égard de la population est encore vivace dans nos esprits. L’étroite caste dirigeante qui menait un train de vie arrogant, somptuaire et ostentatoire, narguait ainsi le peuple privé du strict minimum nécessaire. La pratique atteste et les faits confirment que le régime de Macky Sall était un conglomérat de jouisseurs, de flambeurs et d’épicuriens qui entretenaient des dépenses improductives et non prioritaires sans aucun rapport avec les activités productives nationales.
La pratique de l’ancien régime, qui affectionne particulièrement le goût du luxe, la passion du lucre, le confort ostentatoire développait, au sein de la société, un esprit malfaisant selon lequel la réussite matérielle était considérée par la grande majorité comme le seul critère du bonheur social. Sous ce rapport, le culte de l’effort, la mystique du travail honnête cédaient le pas à la philosophie du moindre effort et la tricherie​
Le peuple est témoin de ce pillage économique et de cette gabegie financière qui ont atteint des niveaux insoupçonnés. Devrait-on dans ce contexte, permettre aux principaux responsables de ce carnage financier, de déambuler dans un pays marqué par un océan de misère au sein d’un ilot de prospérité ?
Il n’y a pas de justice sélective encore moins de chasse aux sorcières, tous ceux qui sont impliqués de près ou de loin dans cette série de carnage financier répondront de leurs actes.
Et sous ce rapport, je suis de ceux qui pensent que nous avons encore besoin d’une justice forte et suffisamment dissuasive qui joue véritablement sa fonction de dernier rempart pour les citoyens. Les actes commis ne doivent pas rester impunis car l’impunité est le meilleur encouragement à la récidive.
On peut certes ruser avec les hommes mais on ne peut pas ruser avec les faits qui sont d’une pugnacité déconcertante. On est tous témoin du degré d’incursion en force de l’argent dans le jeu politique partisan avec toutes les conséquences sur le dévoiement des pratiques et procédures démocratiques et sur l’expression libre des citoyens.
L’Etat, garant de la sécurité des personnes et des biens, doit jouer pleinement son rôle de régulateur démocratique et, ce, en procédant, dans les meilleurs délais, à la neutralisation des mains financièrement criminelles qui doivent répondre de leurs actes devant les juridictions du pays. C’est de cela qu’il s’agit, et n’en déplaise aux oiseaux de mauvais augures qui entretiennent le flou pour essayer de semer dans l’esprit des gens l’existence d’une traque ciblée. Les corps de contrôle en charge de ces dossiers, sont composés d’hommes et de femmes chevronnés, rompus à la tâche. Leur travail méthodique et mûrement réfléchi, obéit à des normes claires et limpides solidement ancrées dans le droit.
A la lumière de ce qui précède, la reddition des comptes s’impose comme une pratique salutaire qui met en exergue des valeurs exemplaires sans lesquelles l’émergence économique et la bonne gouvernance qui lui est consubstantielle, demeureront à l’état de concepts creux dépourvu de substance tangible.

BABOU Bamba
PASTEF Grand Yoff

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