Lame de fond, par El Hadji Ibrahima THIAM

Les premiers résultats ne laissent pas place au doute : Pastef-Les Patriotes remporte haut la main les législatives anticipées du 17 novembre 2024. La vague qui l’avait porté au pouvoir en mars 2024 n’est pas retombée. Elle est même plus haute, la lame de fond ayant semblé prendre davantage de volume. Si bien que la déferlante a même failli emporter des bastions de l’opposition que l’on pensait imprenable comme dans le Fouta (Matam et Podor), Dagana voire Fatick où la liste dirigée par Ousmane Sonko est parvenue à grignoter quelques bureaux de vote. Une première !

À l’évidence, les électeurs ont décidé de suivre le sens de la marche de l’histoire politique sénégalaise depuis 1963, date des premières législatives organisées sous le Sénégal indépendant. En effet, chaque nouveau régime a toujours remporté les législatives qui suivent la présidentielle qui l’a porté au pouvoir. Les électeurs partent d’une logique simple et qui peut se comprendre aisément : les nouveaux dirigeants ont besoin d’une majorité confortable à l’Assemblée nationale pour gouverner et traduire en actes les promesses faites aux Sénégalais.

De ce point de vue, les résultats qui en sortent ont toujours un parfum de référendum. Abdoulaye Wade a profité de cette règle non écrite en 2001, raflant 87 sièges sur 150. Son successeur, Macky Sall, a fait mieux en 2012 en glanant 119 sièges sur 150. Jamais deux sans trois. Aujourd’hui, c’est au tour de Pastef de bénéficier de cette logique bien sénégalaise. Il reste à savoir combien de députés enverra-t-il à la Place Soweto sur les 165. Toujours est-il que, au regard des tendances lourdes, on s’achemine vers une majorité écrasante. Ce qui est par contre clair, c’est que le parti au pouvoir dispose désormais de tous les leviers pour dérouler son programme présidentiel à sa guise sans entrave.

D’ailleurs, c’est autour de ce mantra que le leader de Pastef a bâti son discours durant la campagne. Son appel a été entendu par la majorité des électeurs. Maintenant que l’exécutif et le législatif sont sous leur contrôle, le plus dur va désormais commencer pour le tandem Sonko-Diomaye. Un boulevard leur est grandement ouvert pour conduire les réformes qu’ils comptent imprimer à leur gouvernance.

Point de prétexte et d’alibi. Comme le maçon au pied du mur, ils ont désormais tout le matériau nécessaire pour construire le fabuleux destin qu’ils ont promis aux Sénégalais. Faire en sorte que la vague d’enthousiasme ne se transforme en vague-à-l’âme, tout un chantier !

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