Malgré les longues 23 années passées dans les geôles israéliennes, sa popularité reste intacte. D’aucuns le considèrent comme potentiel président de la Palestine, apte à conclure un accord historique avec Israël.
Marwan Barghouti, 65 ans, originaire de Kobar en Cisjordanie, hérite malgrè lui, depuis presque un quart de siècle, du malheureux titre du prisonnier palestinien le plus célèbre.
C’est en effet le 15 avril 2002, qu’il avait été arrêté, lors de l’invasion israélienne de la Cisjordanie. Sa détention intervient après mois de torture, d’isolement en cellule, de violences et d’humiliations, d’après des organisations palestiniennes des droits humains.
Le 14 février dernier, le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir (extrême droite), s’était réjoui sur X du transfert de M. Barghouti “à la prison d’Ofer, à l’isolement”, “à la suite d’informations sur une agitation prévue”.
Le responsable des prisonniers au sein de l’Autorité palestinienne, Qaddoura Farès, a, dans un communiqué, dit craindre pour la vie du leader palestinien qui avait été changé de prison trois fois en deux mois.
Marwan Barghouti est le premier membre du Comité central du Fatah et législateur à être détenu par les forces israéliennes et condamné à cinq peines d’emprisonnement à perpétuité pour son rôle dans le mouvement de résistance palestinien.
En 2004, un tribunal israélien dont il rejette la compétence, l’a condamné à cinq peines d’emprisonnement à perpétuité, pour des accusations d’”attentats et meurtres” qu’il n’a jamais reconnues. Au même titre que tous les leaders de la résistance, la justice israélienne le considère comme un “terroriste”.
Pour les Palestiniens, c’est un résistant hors pair, le ”Nelson Mandela” de la Palestine.
Sa carrière politique prend véritablement son envol en 1989, lorsqu’il est élu membre du Conseil révolutionnaire du Fatah.
Après un exil en Jordanie, il retourne en Cisjordanie occupée en avril 1994. À la suite de la signature des accords d’Oslo entre l’OLP et Israël, il est élu député pour le compte du Fatah dont il deviendra plus tard secrétaire général pour la Cisjordanie. En 1996, il est élu membre du Conseil législatif palestinien (PLC) avec des idées de justice sociale, de promotion des droits humains et de lutte contre la corruption.
Marwan Barghouti, fédérateur et populaire
Très populaire au sein des élites comme des masses en Palestine, il est perçu comme un leader capable de fédérer un peuple palestinien traversé par les clivages entre le Hamas et le Fatah.
Bien que membre du Fatah, le mouvement rival du Hamas n’a cessé de réclamer sa libération. Il figure régulièrement sur la liste du Hamas des prisonniers palestiniens à libérer en échange de l’élargissement des otages israéliens. C’est dire s’il réussit à fédérer les diverses tendances politiques et sociales de la Palestine.
Selon un sondage publié en décembre 2023 par le Centre palestinien de recherche politique et d’enquête, 57 % des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza voteraient pour lui, devant Mahmoud Abbas, l’actuel président, et Ismaïl Haniyeh, le chef politique du Hamas.
Populaire aussi bien en Cisjordanie qu’à Gaza, partisan de relations pacifiques avec Israël dans le cadre d’un État palestinien, il est constamment cité comme potentiel président d’une “Autorité palestinienne revitalisée”, à même de pacifier les relations avec Israël. Mais il faudra l’accord de la coalition des extrêmes au pouvoir à Tel Aviv.