PR Mamadou Diouf : « L’élection de Diomaye Faye clôt le cycle senghorien »

Dans une interview accordée à LeSoleil, le Professeur d’Études africaines à l’Université de Columbia, aux États-Unis et l’historien sénégalais Mamadou Diouf, estime que « L’élection de Bassirou Diomaye Faye signale, de façon indubitable, la clôture du cycle senghorien »

Que signifie l’élection de Bassirou Diomaye Faye dans la trajectoire du Sénégal ?

« L’élection de Bassirou Diomaye Faye signale, de façon indubitable, la clôture du cycle senghorien inauguré, en 1962, avec la chute du Président du Conseil, Mamadou Dia, et l’effondrement du modèle islamo-wolof de gouvernance politique et administratif établi après la Première Guerre mondiale et marqué par la substitution des marabouts confrériques aux chefs traditionnels. Le cycle senghorien se décline en un régime présidentiel fort, une centralisation autoritaire qui s’est aménagé des capacités d’accommoder dissidences et oppositions culturelles, politiques et religieuses. De telles transactions ont été alimentées par les ressources du modèle islamo-wolof qui associe différentes légitimités avec leurs sources et discours d’autorité et de subordination « le contrat social » au service d’une architecture politique et administrative stable.

Elles ont alimenté des structures et opérations qui ont soutenu « la réussite historique » (success history), selon Donal Cruise O’Brien, du système politique sénégalais, depuis la période coloniale. Elles aménagent des espaces d’autonomie et des frontières étanches entre les différentes légitimités. L’ordre politique établi a ouvert des possibilités de réformes et de circulation des acteurs politiques de l’opposition au pouvoir, supportant l’émergence et la consolidation d’une véritable classe politique avec une opposition politique, une société civile, des syndicats, des associations culturelles et sportives dynamiques.

En revanche, l’administration des élections, l’accès aux médias d’État, le contrôle de l’appareil administratif et économique demeurent sous la coupe du régime et de ses clients. Ce modèle s’est maintenu tout en amorçant un déclin lent, mais soutenu, dont les points d’éclats sont les élections présidentielles de 1988 qui inaugurent la dissolution progressive du lien organique entre le pouvoir politique et les organes dirigeants confrériques; la montée en puissance des marabouts mondains qui s’investissent directement dans les réseaux clientélistes politiques et économiques, s’ils n’installent pas leurs propres partis politiques; la multiplication des partis politiques pris dans le tourbillon de la segmentation, des regroupements sans lendemain et des coalitions opportunistes ; la soumission du politique à l’administratif et au juridique à partir de la présidence d’Abdou Diouf, avec Jean Collin et, ensuite, Ousmane Tanor Dieng ; la gouvernance tumultueuse et brouillonne d’Abdoulaye Wade. Il remet en cause l’équidistance de l’État vis-à-vis des confréries, entraine les marabouts dans des engagements politiques et économiques, réduisant ainsi leur autonomie qui était le gage de leur efficacité au service de l’État et de la société. Avec une dextérité et une jouissance non retenue, il établit la « transhumance », associée à la corruption, comme instrument de déconstruction de l’acte même de s’opposer.

À sa suite, le Président Macky Sall a poursuivi son œuvre malgré les résistances et gains des luttes populaires qui ont abouti à l’alternance politique, la défaite du Parti socialiste d’Abdou Diouf et l’arrivée au pouvoir du Parti démocratique sénégalais d’Abdoulaye Wade. Une alternance politique sans alternative politique si l’on suit l’historien Abdoulaye Bathily. Une situation reconduite sous son successeur, Macky Sall. Les innovations de ce dernier ont porté sur le renforcement de la centralisation, des modes de gouvernance et d’organisation politique et le recours systématique à la répression, à l’emprisonnement des opposants et une corruption débridée. Le couronnement de l’entreprise autoritaire du Président Sall s’affiche dans le refus de se déterminer vis-à-vis du troisième mandat, les crises consécutives à l’organisation des élections et les péripéties rocambolesques des dialogues avec les acteurs politiques et de la société civile. Autant d’interventions qui ont eu des conséquences dissolvantes sur le modèle islamo-wolof. »

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