Le Premier ministre tunisien Ahmed Hachani a été limogé mercredi 7 août au soir, sans explications officielles, a annoncé la présidence de la République dans un communiqué. Il a été remplacé par le ministre des Affaires sociales Kamel Madouri, récemment nommé. Ce remaniement surprend, arrivant dans un contexte électoral où le chef de l’État Kaïs Saïed brigue un nouveau mandat pour la présidentielle du 6 octobre prochain.
Dans ce coup de théâtre de mercredi soir, le président a mis fin aux fonctions de son Premier ministre, très discret, qui ne s’était pratiquement jamais exprimé face aux Tunisiens depuis sa prise de mandat, rapporte notre correspondante à Tunis, Lilia Blaise. Ahmed Hachani avait remplacé le 1er août 2023 Najla Bouden, elle aussi remerciée sans justifications officielles par le président Kaïs Saïed.
Le désormais ex-Premier ministre avait publié un communiqué encore dans la journée du 7 août, sur des réunions au siège du gouvernement, notamment sur la situation difficile des transports publics. Quelques heures avant son départ, il avait toutefois dressé son bilan dans une vidéo Facebook où il mettait en avant la hausse du salaire minimum, les mesures prises pour mieux gérer les ressources en eau et plusieurs projets législatifs.
Rien n’a filtré sur les motivations de démettre le Premier ministre, si ce n’est qu’à la même époque, l’année passée, Kaïs Saïed avait limogé sa cheffe du gouvernement en poste depuis trois ans, Najla Bouden. Cela de la même façon, en pleine crise autour du manque de pain dans le pays.
Ahmed Hachani est remplacé par le ministre des Affaires sociales Kamel Madouri, ancien président de la Caisse nationale d’assurance maladie. Ce dernier avait pris ses fonctions ministérielles en mai dernier en remplacement de Malek Zahi, limogé en même temps que le ministre de l’Intérieur Kamel Feki, auquel avait succédé Khaled Nouri.
Profil social en amont de la campagne présidentielle
Ce nouveau limogeage intervient à quelques mois de l’élection présidentielle en Tunisie et le nouveau Premier ministre a donc un profil social. Cela dans un contexte où le Président Kaïs Saïed ne cesse de fustiger la situation dans le pays, insatisfait du rendement des commis d’État.
Ces derniers jours, le président de la République était partout d’après la page Facebook de la Présidence, son seul canal de communication. Il était dans la rue, à l’écoute des doléances des citoyens, en colère contre les récentes coupures d’eau et d’électricité qu’il impute à des tentatives de sabotages. Il s’affichait également en réunion avec ses ministres pour ordonner l’acquisition urgente de nouveaux bus, dans un pays où le transport public est devenu une souffrance quotidienne pour les passagers, selon ses mots.
Règne sans partage
Kaïs Saïed règne sans partage en Tunisie depuis son coup de force du 25 juillet 2021. Élu démocratiquement en octobre 2019, Kaïs Saïed s’est octroyé tous les pouvoirs il y a trois ans, limogeant son Premier ministre de l’époque et suspendant le Parlement, par la suite dissous.
Après avoir révisé en 2022 la Constitution pour instaurer un régime hyper-présidentialiste et fait élire un nouveau Parlement aux pouvoirs très limités, il a annoncé récemment briguer un deuxième mandat lors de la présidentielle qui aura lieu en Tunisie le 6 octobre.
Rfi
