Le courage de choisir la bonne direction
« Ce qui manque, ce n’est pas la connaissance, c’est le courage politique de nos autorités. »
Ces mots sont du Premier ministre, parlant de la monnaie.
Il évoque la monnaie mais feint d’ignorer que le redressement macroéconomique qui rendrait possible toute réforme monétaire lui incombe directement.
Comment parler de souveraineté monétaire quand on n’a pas encore assumé la discipline budgétaire ?
A-t-il eu le courage de suivre la même direction lorsqu’il s’est agi de mobiliser les ressources endogènes ? Non.
Le discours sur l’audace a pris le pas sur l’action et l’exercice du pouvoir s’est contenté de commenter ses propres intentions.
Oublier ses responsabilités tout en pointant les autres du doigt n’est pas du courage, c’est de la mise en scène.
Et cette mise en scène inquiète. Elle révèle un État prompt à parler d’effort national mais rétif à donner l’exemple.
La mobilisation des ressources endogènes n’est pas une poésie économique. Elle suppose un État sobre, organisé et productif.
Le Sénégal persiste dans l’absurde. Il veut financer son développement sans réduire son train de vie ni relancer son investissement public.
Près de la moitié du budget national est consacrée au fonctionnement tandis que les projets structurants attendent.
Nos autorités étatiques maintiennent les privilèges, entretiennent les doublons et ne s’étonnent que les caisses restent vides.
Quand la dépense de prestige tient lieu de politique économique, la mobilisation devient un mot creux. L’État prélève mais ne produit pas. Il administre mais n’investit plus.
Pour masquer son immobilisme, il parle de souveraineté financière. Pourtant, il n’y a pas de souveraineté dans la dépendance aux impôts mal répartis et aux emprunts sans lendemain.
La vérité, c’est qu’on ne crée pas de ressources internes par décret.
On les crée par la confiance, par la production, par la valeur ajoutée locale.
Ce que le citoyen paie doit servir à construire et non à entretenir des privilèges administratifs comme c’est le cas aujourd’hui.
Chaque franc détourné vers le superflu est un franc en moins pour la santé, l’éducation ou l’emploi.
Le courage politique dont on parle tant consiste d’abord à réorienter la dépense publique et à rendre l’investissement productif prioritaire.
Ce courage-là, nous l’attendons toujours.
À force de confondre communication et action, le PM finit par faire du « courage » un simple mot d’ordre de conférence.
Avant de battre sa propre monnaie, il serait peut-être temps de battre ses propres excès.
C’est cela, le véritable courage.
Thierno Bocoum
Président AGIR-LES LEADERS

