Ce sont précisément ceux dont le leader a rendu visite à un individu notoirement connu pour ses insultes contre le président de la République qui s’érigent aujourd’hui en censeurs de toute solidarité exprimée envers Badara Gadiaga.
Un paradoxe révélateur d’une ligne de conduite où l’indignation est à géométrie variable, soumise non pas aux principes mais aux intérêts.
L’obscurantisme s’installe d’autant plus facilement qu’il est encouragé par une incompétence politique qui y trouve un terrain fertile. Celle-ci n’hésite plus à l’instrumentaliser, l’organiser même, à travers des foires de vulgarité où l’on enseigne : « S’ils insultent vos leaders, insultez-les en retour. » Dixit le numéro deux du Parti-État, ministre du pétrole, des mines et de l’énergie.
Est-ce là la nouvelle éthique républicaine ? Est-ce là la boussole morale d’un État en quête de respectabilité ?
Et que faut-il comprendre, alors, de celui qui a publiquement insulté le président ?
Quelle logique, quelle justification sérieuse peut expliquer cette visite solennelle dans le fond de sa cellule, presque comme un acte de révérence, comme si l’on s’inclinait devant un martyr de la République ?
Et que dire du Premier ministre lui-même, lorsqu’il se permet des invectives publiques traitant des pères de famille de fumiers et de résidus ? Devrait-on, au nom de l’équilibre, le pousser dans un ring d’insultes pour lui répondre sur le même ton ?
Cette logique est absurde et cette dérive inquiétante.
Quelle incrédulité ! Quelle faillite morale et politique !
Le Sénégal mérite infiniment mieux que cette décadence orchestrée.
La véritable insulte permanente, c’est l’installation à la tête de notre pays de dirigeants qui prescrivent l’invective comme stratégie de gouvernement et l’outrage comme diversion face à leur propre incapacité.
De tout cœur avec Pape Ngagne Ndiaye.
Thierno Bocoum

