En avril, elle avait gracié en toute discrétion le complice d’un pédocriminel. La nouvelle, depuis répandue, a fait chuter la présidente de Hongrie, Katalin Novak, contrainte de démissionner samedi 10 février.
La Présidente est remplacée provisoirement par le président du Parlement, Laszlo Kover.
Acte I : la grâce présidentielle
En avril 2023, à l’occasion de la visite du pape François à Budapest, la Présidente Katalin Novak avait gracié une douzaine de personnes, dont une figure de l’extrême droite condamnée pour terrorisme ou encore le complice d’un pédocriminel. Cet ancien directeur adjoint d’un foyer pour enfants avait couvert son supérieur, condamné pour avoir agressé sexuellement des enfants.
Le complice a été reconnu coupable d’avoir rédigé une lettre démentant ces accusations et d’avoir obligé un enfant à la signer, sous la menace d’être séparé de son cousin résidant dans le même orphelinat. Pour cela, l’homme a écopé en 2019 de trois ans et quatre mois de prison.
Acte II : la polémique
Jusque-là, cette décision de la Présidente était passée inaperçue. Mais la presse hongroise a fini par publier l’information début février, provoquant l’indignation dans le pays. Vendredi 9 février, un rassemblement était même organisé devant le palais présidentiel.
Des victimes ont aussi pris la parole. « Il est difficile de trouver les mots devant un pardon qui nous prive de la justice qui nous est due », a commenté l’une d’entre elles.
Pour se défendre, Katalin Novak a simplement promis qu’« il n’y a pas de grâce pour les pédophiles et [qu’] il n’y en aura jamais » , rappelant sa « haine de la pédocriminalité » et fustigeant une « campagne politique bourrée de fausses allégations », sans préciser.
Le Premier ministre Viktor Orban, proche de Katalin Novak qui a fait de la lutte contre la pédocriminalité un de ses chevaux de bataille, a pour sa part annoncé, jeudi 8 février, une révision de la Constitution pour exclure la possibilité de gracier des pédocriminels.
Acte III : la démission
Ces promesses ne sont pas parvenues à éteindre l’incendie. Acculée, Katalin Novak, qui se trouvait au Qatar pour assister à un match de la Hongrie contre le Kazakhstan aux Mondiaux de water-polo, a précipité son retour à Budapest et annoncé dans la foulée sa démission, reconnaissant « une erreur ».
Judit Varga, qui était ministre de la Justice lors de la grâce, a quant à elle annoncé son « retrait de la vie publique » pour avoir donné son aval. Elle était engagée dans la campagne des élections européennes. Plusieurs conseillers de Katalin Novak ont aussi quitté leurs fonctions.
Avec Ouest France